Depuis un an et demi, les données fondamentales de l’économie mondiale restent les mêmes :
- une croissance mondiale très dynamique (à 4,9 %) qui commence à ralentir et ralentira en 2007 en restant à des niveaux élevés,
- une absence structurelle d’inflation dans une économie mondiale de l’offre,
- des marchés actions dont la valorisation attrayante reste proche des niveaux observés depuis l’automne 2002.
Mais aujourd’hui, on frémit d’un baril proche de son cours le plus élevé (75 $), du redressement récent des chiffres d’inflation mensuels,
de la hausse de 1 % des taux longs à 4 et 5 % sur l’Euro et le Dollar et de la baisse du Dollar contre l’Euro (-10 %).
Puisque beaucoup d’entre nous se laissent aller à craindre ces évènements, examinons les afin d’en discerner l’origine, les contours et les
évolutions probables.
Un baril proche de son plus haut :
A près de 75 $, le baril de brut campe à ses niveaux les plus élevés. Cette situation appelle deux observations :
- en août dernier, le baril avait dépassé une première fois le cours de 70 $ et déclenché une baisse des indices Européens de 5 à 8 %, l’une des
plus fortes depuis mars 2004 ;
- le cours actuel intègre une composante spéculative forte. En effet, le pétrole est la seule des ressources naturelles majeures dont le prix n’ait
pas baissé fortement devant la hausse prochaine des taux directeurs. La perspective de cette hausse a freiné la spéculation, tant par son coût
pour les intervenants que par le ralentissement économique qu’elle pourrait induire. Si le pétrole a résisté, c’est que les spéculateurs lui concèdent
une prime de nature géopolitique, qu’ils refusent à d’autres ressources naturelles jugées moins « stratégiques ».
A moins que des évènements politiques ne surviennent prochainement, le cours du baril pourrait ne plus alimenter les craintes d’inflation et
d’effets récessifs.
Les chiffres récents de l’inflation :
Aux Etats-Unis, la FED surveille étroitement l’inflation sous-jacente, qui exclut les variations du cours du pétrole. Les dernières
publications montrent l’accélération de 1,7 à 2,1 % en glissement annuel d’un indice sous jacent très suivi par la FED. Cet indice
justifiera probablement une hausse du taux directeur à 5,25 % dans les prochaines semaines.
En Zone Euro, la BCE prête attention à l’inflation totale, qui intègre les variations du cours du pétrole. Le chiffre attendu pour le mois de
mai devrait monter de 2,4 à 2,5 % en glissement annuel. C’est pourquoi la Banque Centrale, qui veut maintenir l’inflation en dessous de
2 %, devrait prochainement augmenter son taux directeur à 2,75 %, et le porter à 3,25 % d’ici à la fin de l’année. Ces taux correspondraient
à des conditions monétaires neutres. Celles-ci ne seraient plus « accommodantes » mais pas « restrictives ».
La hausse des taux d’intervention en Europe et en Amérique du Nord inquiète l’investisseur en actions car :
- la stabilité de l’inflation sous jacente en 2005 et 2006, à 2,4 % aux E.-U. et 1,4 % en Zone Euro, prouve que la hausse du prix du pétrole ne se
diffuse pas à l’ensemble de l’économie,
- la volonté d’éradiquer une inflation qui n’existe pas peut nuire à la croissance qui tend à ralentir aux Etats-Unis et reste l’une des plus faibles
du monde en Zone Euro. Ainsi devrait-on moins craindre l’inflation que la propension des Banques Centrales à combattre un ennemi qui n’existe
pas.